Petit guide du confinement – RITUALISER

EP068

Je vais vous épargner ma tendance naturelle au jeu de mots et aux recherches ethymologiques, la présence du préfixe “con” a déjà généré beaucoup de bons (ou moins bons) mots.

Une version que j’aime assez est “Du latin confinis, qui a la même limite, de cum (ensemble), et finis, fin, frontière”. Aujourd’hui, nous avons tous les mêmes limites (ou presque)….c’est peut être une bonne chose, ce peut être intéressant, en tous les cas.

Quoiqu’il en soit, voilà ce que je propose aujourd’hui, le soleil du printemps qui commence illuminant quelque peu mon esprit.

Lorsque nos quotidiens sont “réduits” ou que nous sommes “réduits” à notre quotidien, nous pouvons nous sentir moins enthousiastes, avoir une baisse dans le niveau d’énergie par l’effet de la répétition de gestes que nous considérons comme inintéressants. Il me semble que ce qui guette les confinés est le sentiment non pas d’ennui joyeux et créatif, mais le sentiment de lassitude dû aux routines, au fait de tourner en rond dans un espace déterminé par l’autorité, au fait que nous ne pouvons varier les objets de notre attention et de nos sens.

Tous les jours, nous répétons des gestes basiques, gestes de survie, d’hygiène, activités systématiques. Nous nous lavons les dents, nous nous douchons, nous cuisinons, nous allumons la lumière et ouvrons la porte.

En sacralisant les gestes du quotidien, en ritualisant nos habitudes, nous créons de la magie, nous créons de la conscience, nous créons du beau, du bon, de l’énergie, de l’intérêt et du bonheur. Nous investissons les petits gestes anodins d’une immense valeur, nous leur donnons la place qu’ils méritent.

Aujourd’hui nous est offerte l’occasion de regarder ce qui nous semblait secondaire comme essentiel. Car face à la maladie grave et à la mort, nous avons le choix de nous extasier de se réveiller sans fièvre, ni toux. Nous pouvons nous réjouir d’être logés à l’abri et dans un certain confort. Nous pouvons mettre des fleurs dans nos yeux et apprécier que nos poumons fonctionnent parfaitement, faisant de chaque respiration un moment exceptionnel et fort.

La seule démarche de ne pas considérer les petites choses comme acquises est déjà un saut dans quelque chose de nouveau, qui casse nos habitudes, nous ancre dans le moment et nous détache du ronron du mental.

A un moment de l’histoire de l’humanité où le mental ne demande qu’à se perdre dans les peurs collectives, dans les complots, les doutes, dans les questionnements sans fin, aborder ce qui est à notre portée avec un oeil neuf et avec l’esprit de l’enfant ne peut que nous faire du bien et renverser la logique de la cogitation.

Où se trouve votre esprit lorsque vous vous lavez les mains ou les dents? Il court il vole, il s’échappe dans l’hier ou le demain, l’occasion est trop belle pour lui.

Ritualiser ces petits gestes, ces petits moments, c’est un peu comme laver ses lunettes et se rendre compte qu’il n’y avait pas de brouillard!

Chacun ayant son propre univers, sa propre créativité, il est toujours délicat d’imposer un rituel qui pourrait freiner votre imagination et précisément vous retenir de le créer.

Je vous proposerai tout de même quelques pistes dans d’autres posts par thème.

Retenez simplement que le rituel c’est voir ou créer la magie et interagir avec les choses et les éléments,  c’est sacraliser un espace, une gestuelle, s’investir de pouvoirs extraordinaires et en investir son environnement. C’est dégager le beau et l’énergie de la vie de la matière et respirer autrement, ramener sa conscience ici et maintenant, entrer dans la gratitude.

Nous sommes tous à même de nous souvenir de notre regard d’enfant la première fois que nous avons vu une fourmi, notre sensation la première fois que nous avons goûté une pomme, notre étonnement la première fois que nous avons toucher un tissu doux ou senti la bonne odeur du pain chaud. Cherchez, vous retrouverez aisément cet espace, et c’est une jolie occupation que cette recherche.

 

 

 

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